Monastère Notre-Dame de Géronde
Noël 2020
Chers Parents, chers amis et bienfaiteurs,
chers frères et sœurs dans la vie monastique,
Au cours des derniers mois, nous avons été soutenues et encouragées par vos nombreux messages et appels téléphoniques et nous avons à cœur de maintenir vivants ces liens par lesquels nous prenons soin les uns des autres comme on nous y incite depuis que sévit la pandémie de la Covid 19. L’appel à « éviter les contacts » doit nous porter à cultiver la rencontre à travers les diverses formes d’échanges et par la prière qu’aucune barrière n’arrête.
En cette fin d’année, la tragédie que vit l’humanité repousse, en quelque sorte, dans l’ombre le souvenir des menus faits que la chronique annuelle relatait volontiers. Il semble même étrange de parler de chronique à propos d’un temps dont le cours paraît s’être arrêté, C’est à partir de la mi-mars que la vie se fige dans toute la vallée et qu’un profond silence s’établit, lourd d’angoisse et d’inquiétude, Nous entrons dans un confinement strict dont la rigueur sera atténuée par la vie en communauté et par un généreux soleil printanier. Mais, en profondeur, l’épreuve est ressentie comme un long Vendredi-Saint, un espace de compassion pour le monde en détresse, et aussi comme un interminable Samedi-Saint car nous sommes privées de la célébration de l’Eucharistie.
Celle-ci reprend le 28 mai et nous voyons revenir les prêtres de la région qui, dans un beau climat d’amitié, sont fidèles au rendez-vous matinal autour de l’autel. Celui qui, en mars, a présidé la dernière célébration, nous confie que, ce jour-là, il était contaminé, à son insu. Donc, le virus nous a « frôlées » et jusqu’à ce jour, il s’est tenu à distance.
La fermeture des frontières a été décrétée peu après le changement de supérieur intervenu dans notre maison-mère, l’abbaye d’Acey, en France voisine : Dom Jean-Marc Thevenet, ayant atteint la limite d’âge fixée par le droit, est remplacé par Dom Godefroy Raguenet de Saint-Alban qui est nommé supérieur ad nutum et devient ainsi le Père-Immédiat de notre communauté. Tous deux devaient venir ensemble à Géronde pour marquer cet événement significatif. Finalement, c’est en été que nous vivons d’abord une rencontre simple et confiante avec Dom Godefroy puis une autre, chaleureuse et pleine de reconnaissance, avec Dom Jean-Marc qui nous laisse frère Julien pour quelques jours de retraite.
Pendant les mois d’été, l’accueil des hôtes est strictement limité, les ventes d’hosties et de vins se font rares, mais nous recevons à nouveau des visites ce qui entretient l’impression d’un retour à la vie normale. La saison s’ouvre par un signe d’espérance : la première messe de notre voisin et ami Pablo Pico, entouré par un beau groupe de séminaristes venus en Valais pour son ordination. Bientôt, le Père Giorgio Marcato, O.P., reprend son poste d’aumônier temporaire. Mère Hildegard Brem, O.Cist., abbesse de Mariastern-Gwiggen, relit avec nous la Charte de Charité. Le dimanche 23 août, notre évêque, Mgr Jean-Marie Lovey, préside l’Eucharistie, puis, en pasteur proche de tous les diocésains, il nous parle de ceux et celles par qui l’Évangile s’incarne et rayonne chez nous. Déjà venu en janvier, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, O.Cist., aumônier à l’Abbaye de la Maigrauge, nous donne le beau témoignage de son retour simple et paisible à la vie monastique après plus de vingt ans d’épiscopat. Des exposés de nos amies, Martine Plouvier et Cécile Souchon, historiennes, nous entraînent dans leur domaine de prédilection, l’Ordre de Prémontré.
Au fil des mois, plusieurs événements inscrits au calendrier sont annulés ou reportés à une date ultérieure. C’est le cas du Chapitre général de notre Ordre qui devait se tenir en septembre à Assise. La retraite annuelle se déroule comme prévu, à la mi-novembre : le Père François Huot, osb, un moine proche de la communauté, nous fait revisiter, avec joie et grand profit, l’enseignement de saint Bernard. Ce temps fort est prolongé par la demi-journée que nous réservent Mgr Jean-Marie Lovey et son vicaire général, l’abbé Pierre-Yves Maillard, à l’occasion de leur visite pastorale dans la région sierroise. Ils nous disent comment l’Eglise s’efforce de répondre aux défis de ce temps de pandémie, en particulier dans l’engagement au service des plus défavorisés. Les événements de novembre nous poussent, eux aussi, à nous enraciner dans la foi : la deuxième vague de la Covid 19 déferle sur le Valais et chaque jour la liste des victimes s’allonge. A la mi-décembre, la situation s’est améliorée mais exige toujours une grande prudence,
C’est dans ce contexte que nous allons célébrer la naissance de Jésus-Christ, EMMANUEL, Dieu avec nous. Pour évoquer cette présence, saint Bernard puise dans la Parole de Dieu des images suggestives qui semblent choisies pour ce moment de l’histoire où l’humanité se découvre pétrie d’argile et entourée de sables mouvants:
Dans un psaume, le Christ déclare : J’ai été fixé dans la boue de l’abîme. La boue, c’est nous, évidemment, nous qui avons été modelés avec de la boue dans le paradis avant de devenir la boue de l’abîme dans laquelle le Christ s’est fixé, J’ai été fixé, dit-il, je n’ai pas fait que passer, je ne me suis pas retiré, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. (Cf. Sermon IV, 7 pour la Vigile de Noël).
Chers Parents, chers amis : et bienfaiteurs de notre communauté, chers frères et sœurs,
Puissions-nous, accueillir à nouveau, l’Emmanuel, Dieu avec nous dans l’épreuve pour la traverser avec lui. C’est dans la foi en sa présence que nous vous adressons nos vœux de PAIX et de Joie pour Noël et pour l’année 2021
La Prieure et les sœurs de Géronde
Dans l’espérance, nous avons été proches de nos familles qui ont accompagné sur un long chemin de souffrance, des êtres chers, partis vers le Père : Rosario Granges, belle-sœur de sœur Marie-Nicole, Françoise Hugon, belle-sœur de sœur Marie-Jérôme, Madeleine Granges, sœur de sœur Marie-Agnès, Sébastien Rey, neveu de Sœur Marie-François