Miséricordieux comme le Père ! Misericordes sicut Pater ! Appel à la confiance en l’amour de notre Dieu, appel à l’imiter, ces paroles de Jésus, chantées pour le Jubilé de la Miséricorde, ont accompagné les jours de 2016.
Parmi eux, se détache un événement-choc : le décès de notre Sœur Marie-Michel Lovey, emportée par un arrêt cardiaque au soir du 7 mai. Née à Orsières en 1934 le jour de Pâques, professe de Géronde en 1957 le jour de l’Ascension, elle s’en allait le surlendemain de cette fête, avec la rapidité à laquelle nous avait accoutumées son tempérament fonceur. Prieure de 1973 à 1991, elle a marqué la communauté par son amour de l’Eucharistie et de l’Eglise, donnant la pleine mesure de ses talents et de sa générosité lors de l’incendie du monastère et de la restauration qui s’ensuivit.
Ce deuil nous surprit quelques jours après la célébration du jubilé de Sœur Marie-Bénédicte, étoffée par la liturgie de la Dédicace et la présence de nombreux concélébrants. Le prévôt du Grand-Saint-Bernard, Mgr Jean-Michel Girard, présida l’Eucharistie, laissant son prédécesseur, Mgr Benoît Vouilloz, évoquer l’itinéraire de notre sœur et nous exhorter à construire la demeure de Dieu qu’est la communauté.
Depuis 25 ans, cette construction se poursuit sous la conduite de Mère Miryam-Monique. Le 8 septembre, une fête toute familiale lui exprima notre reconnaissance pour son dévouement traversé par un grand souffle d’Evangile.
Nous nous savons en même temps intégrées dans la construction plus grande qu’est notre diocèse. Cette conviction, qui se double d’une expérience, donne tout son prix à la visite que notre évêque, Mgr Jean-Marie Lovey, trouva le temps de nous faire, le 11 décembre : un moment chaleureux d’échange direct, de partage des soucis et des joies, dans la certitude de vivre unis en Christ.
Cette unité se réalise et s’affirme de manière significative à travers l’Eucharistie assurée chaque jour grâce au dévouement de prêtres des environs et de nombreux prêtres de passage qui ont l’heureuse idée de donner notre adresse à des amis. C’est ainsi qu’en février nous est arrivé un évêque africain fraîchement nommé, Mgr Célestin-Marie Gaoua, qui nous parla de l’Eglise au Togo et de Sokodé, son diocèse. Il fut suivi par Mgr Denis Theurillat, évêque auxiliaire de Bâle, dont nous apprécions la parole, toujours en prise sur la vie de l’Eglise.
Le plus assidu de ces « aumôniers temporaires » le Père Giorgio Marcato, O.P., venu à Noël, à Pâques et pendant le mois de septembre, se fit, en quelque sorte, prophète en son pays en nous prêchant la retraite annuelle. Bibliste de haut vol, il nous plaça sous la vive lumière de la Parole de Dieu.
De notre côté, nous avons partagé la Parole en mettant en ligne l’Evangéliaire réalisé par Sœur Marguerite, fascinante catéchèse en images qui parle aux petits et aux grands… Sur un autre mode, Madame Michèle Fringeli a offert aux lecteurs de la revue GRANDIR – n°5/2016 – une Visite au Monastère de Géronde qui nous a valu des messages encourageants. Mais pas une lectrice ne s’est présentée au monastère, saisie par l’amour du Christ, passionnée par la recherche de son visage.
Cette visée foncière de notre vie donne son titre et sa tonalité à l’exhortation que notre pape François a adressée, en juillet, aux communautés féminines de vie contemplative. Préconisant l’entraide, respectant la diversité des familles spirituelles, ce texte ne tait pas les situations de précarité. Celles-ci retinrent l’attention de l’assemblée du Service des Contemplatives de Suisse Romande à laquelle Mère Miryam participa à l’abbaye d’Hauterive, en avril.
Elle vivait ainsi, par surcroît, une rencontre cistercienne que d’autres allaient suivre, à commencer par la Conférence régionale des supérieur(e)s organisée dans la jeune et florissante communauté de Nasi Pani nad Vltavou/Notre-Dame de la Moldau, en Tchéquie. Mère Hildegard Brem, abbesse de Mariastern-Gwiggen, présente parmi nous pendant deux semaines, en juillet, nous fit redécouvrir les richesses du traité de saint Bernard, sur La conversion.
En août, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, nous apporta un écho des JMJ de Cracovie et célébra avec nous la fête de l’Assomption. Venu avec Mère Marie-Claire, abbesse de La Fille-Dieu, le Père Jacques Delesalle, moine du Mont-des-Cats, nous présenta la vie de nos sœurs de Huambo, en Angola, qui édifient leur monastère. En octobre, Sœur Catherine retrouva, à l’abbaye de Wurmsbach (SG), les responsables de la formation, provenant, non seulement des pays limitrophes, mais aussi d’outre-mer.
Quelques sœurs ont pris la route pour devenir traits d’union avec d’autres communautés. Au soir du 31 janvier, nos sœurs Catherine et Ursula étaient à la cathédrale de Sion pour la clôture de l’Année de la Vie Consacrée. Sœur Marie-Bénédicte nous a représentées à la bénédiction de Mère Anne-Emmanuelle, nouvelle prieure de Grandchamp, temps fort d’œcuménisme et d’amitié. La fête de Saint Maurice et son marché monastique mirent en branle sœur Catherine et ses acolytes qui enchaînèrent célébrations liturgiques, ventes de vins et multiples rencontres. Autre projet, autre climat chez les Dominicaines d’Estavayer, qui accueillirent Sœur Marie-Raphaël et sa cithare pour deux journées studieuses et mélodieuses.
Pour deux d’entre nous, tombées dans le cloître, séjour à l’hôpital, convalescence, déplacements avec « Transport-Handicap » se trouvèrent au programme. Tout aurait pu être tellement plus grave que nous avons deviné, une fois de plus, la présence de Celui qui veille et protège… La même sollicitude se manifeste à travers tous ceux qui nous apportent une aide sur mesure en bien des domaines.
Grande diversité entre les conférences entendues cette année ! « Aumônier temporaire » à deux reprises, le Père Henri Caldelari, MSC, se fit prédicateur d’Avent en méditant l’exhortation de Jésus : « Veillez… tenez-vous prêts pour la venue du Seigneur ! ». Avec compétence et conviction, Cécile Souchon nous offrit une présentation substantielle de Martin Luther, bienvenue à la veille du 500e anniversaire de la Réforme. Alliant l’humour à l’érudition, Martine Plouvier nous fit découvrir les divers lieux réservés aux animaux dans les monastères au cours des siècles.
Cet exposé raviva les souvenirs du temps où les frasques des veaux, vaches, cochons, couvées alimentaient notre chronique. Le relais a été pris, non à quatre pattes mais à quatre roues, par le mastodonte d’acier que nos yeux ébahis ont vu planter la vigne en un temps record.
En ces temps lourds d’incertitudes et de souffrances, l’on se prend parfois à rêver d’un Dieu qui interviendrait ainsi, très vite et à grand fracas, pour retourner les situations et mettre de l’ordre partout. Mais, à chaque Noël, l’Enfant de Bethléem nous rappelle que Dieu agit par la silencieuse puissance de la vérité et de l’amour. Cette puissance, il nous la communique pour vivre l’année nouvelle en témoins de sa présence.
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