Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Un ENFANT nous est né… Dieu Fort… Prince de la PAIX
Chers parents, amis, frères et sœurs en Christ,
Plus que jamais, nous sommes en attente de cette lumière !
Et nous avons besoin d’entendre l’Evangile affirmer que les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ! Qu’il nous soit donné de nous tourner vers l’Enfant, de nous laisser habiter par sa lumière pour la communiquer autour de nous. Notre prière le demande pour vous en ce temps de Noël et au seuil de l’année 2020.
La Mère Prieure et les sœurs de Géronde
L’année 2019 au Monastère Notre-Dame de Géronde
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas… Si, à Géronde, les imprévus jalonnèrent 2018, la planification et l’organisation caractérisent 2019. Elles portent sur les travaux de réfection de l’église et sur les ajustements qui en découlent pour notre vie quotidienne. Plus profondément, ces travaux, en touchant l’église, cœur de la maison, nous interrogent sur notre vie, sur la demeure de Dieu que la communauté est appelée à devenir.
Cette question est posée, de manière à la fois officielle et fraternelle, lors de la visite régulière, service que nous rend notre Père Immédiat, Dom Jean-Marc, abbé d’Acey. Elle coïncide avec la fête de la Dédicace de l’église et précède de peu l’ouverture du chantier. Dom Jean-Marc rappelle combien cela « met en lumière le mystère de communion, dans le Christ Jésus, qui, nous dit-il, fonde votre unité et stimule le dynamisme spirituel qui vous permet de poursuivre la route dans l’indéracinable espérance que c’est bien le Seigneur qui vous appelle à vivre ensemble la vie monastique selon le charisme cistercien. C’est Lui qui, par son Esprit, poursuit son œuvre au milieu de vous en vous guidant sur les voies exigeantes du don de soi dans la louange, l’intercession, et le service mutuel ».
Cette visite est une expression de l’entraide vécue entre les communautés cisterciennes, fédérées par la Charte de Charité. Son neuvième centenaire est célébré cette année et ce texte fondateur est mis en lumière par des études et des publications dont nous recueillerons les fruits au fil des jours.
Le commencement de l’année se vit dans la lumière de la Crèche. Pendant un mois, les homélies du Père Philippe-Emmanuel Rausis, O.P., dirigent nos regards sur ce mystère où Dieu se donne et se révèle sous les traits d’un Enfant…
A la mi-janvier, le Père Johann G. Roten, marianiste valaisan, directeur de recherches à l’université de Dayton (U.S.A.), nous montre une impressionnante collection de crèches. Des grottes pour dire que la venue de Dieu ne s’arrête pas au « top de l’intelligence » mais touche le fond du cœur. De vastes paysages pour montrer que la présence de l’Emmanuel transforme nos lieux de vie en espaces sacrés.
En février, la retraite vécue au monastère par Mgr Denis Theurillat, évêque auxiliaire de Bâle, devient un temps de ressourcement pour nous à travers ses homélies dont le message culmine dans la parole de Jésus : Avance au large…
« Paix à cette maison ! ». Proclamée au cours de l’Eucharistie, cette parole rayonne sur la journée du 14 février, marquée par la visite de Dom Marc de Pothuau, abbé d’Hauterive. En célébrant les saints Cyrille et Méthode, il rappelle que tout monastère est missionnaire, messager de paix. Puis, nos échanges portent sur les questions posées aujourd’hui aux communautés monastiques et les fidélités qu’elles requièrent.
Quatre jours plus tard, Mère Prieure rejoint les abbés et abbesses de notre Ordre réunis en Conférence régionale à Laval. Arrivée au but avec cinq heures de retard, après un vrai parcours du combattant, elle mérite largement ces fructueuses journées d’échanges et de réflexion et aussi… le remboursement de son billet de train par la SNCF…
En avril, nous accueillons pour l’Eucharistie, suivie d’un temps de partage, le Père Jean-Marie Lassausse, « le jardinier de Tibhirine » où il a passé quinze ans. Imprégné par la vie et le message de nos frères moines martyrs, il nous place dans le rayonnement de ces vies saisies par le mystère de Pâques que nous allons célébrer.
Après la fête de la Dédicace, le grand chambardement commence et, à partir du 15 mai, nous vivons en mode chantier. La salle de communauté sert d’oratoire pour la liturgie des heures. L’Eucharistie a lieu au grand parloir promu au rang de « cathédrale de Géronde » par le Père Giorgio Marcato. O. P. « aumônier temporaire » pendant trois mois ! Nos desservants habituels, prêtres de Sierre et Pères Blancs, ont l’honneur d’y célébrer, tout comme les Pères Henri Caldelari, Gilles Jeanguenin et Georges Henri Rey, tous bienvenus au monastère lors de leur retour en Valais. Cette assemblée voit arriver plus d’une fois, dans son sari blanc et bleu, Sœur Emmanuelle Zufferey, Missionnaire de la Charité, qui nous parlera de sa vie donnée aux plus pauvres sur quatre continents.
Le programme de l’été nous prive de beaucoup de choses mais pas de la visite de Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, Parvenu presque au terme de son mandat d’archevêque de Tours, il a beaucoup à partager sur la vie de l’Eglise, vue de l’intérieur avec un cœur de pasteur et de moine.
En septembre, la débrouillardise de Sœur Catherine fait merveille dans l’organisation de son bazar ambulant pour le Marché Monastique de Saint-Maurice, qui est, cette année encore, une heureuse expérience. Sœur Marie-Raphaël, elle, se rend à Saint-Maurice avec sa passion pour la cithare et participe à une stimulante journée de formation.
Le 15 octobre, quand les « fortissimos » du chantier se sont apaisés, la planification se manifeste au bord de la falaise. Dans un vacarme assourdissant, des bûcherons acrobates tronçonnent les ailantes qui s’envolent aussitôt, emportées par un hélicoptère. Programmée par l’Etat du Valais, cette intervention difficile est filmée et pourra être vue dans un documentaire sur les plantes envahissantes.
Le 15 octobre, quand les « fortissimos » du chantier se sont apaisés, la planification se manifeste au bord de la falaise. Dans un vacarme assourdissant, des bûcherons acrobates tronçonnent les ailantes qui s’envolent aussitôt, emportées par un hélicoptère. Programmée par l’Etat du Valais, cette intervention difficile est filmée et pourra être vue dans un documentaire sur les plantes envahissantes.
Pas de caméra au soir du 25 octobre, quand, une demi-heure après le départ de la dernière entreprise, notre procession prend le chemin de l’église. Le lendemain, le Père Marie-Joseph Huguenin, notre hôte comme chaque mois lors de ses « journées valaisannes », préside l’Eucharistie. L’émotion ne saurait empêcher d’apprivoiser le nouvel éclairage, l’acoustique toujours aussi généreuse. Les fidèles participants aux messes de semaine vivent avec nous ce moment significatif, suivi par le petit déjeuner partagé au parloir. A leur tour, les participants à la messe du dimanche sont accueillis pour une rencontre fraternelle.
A la fin octobre, l’accueil des hôtes pour une halte spirituelle reprend. Les marcheurs et les pèlerins de Géronde y reviennent. Et, d’une certaine manière, la communauté s’en va à leur rencontre à la Médiathèque Valais, à Martigny à travers l’exposition, GERONDE : UN MONASTERE AU QUOTIDIEN, un reportage de Florence Zufferey, finaliste à la Bourse du Talent à Paris en 2019. Le talent, ici, naît d’un regard aimanté par la vie dans sa simplicité. Aucun attrait pour le sensationnel dans cette démarche, aucune recherche d’effets, mais une approche dont la justesse donne à voir le tissu de l’existence où se vit ce que le bienheureux Christian de Chergé nomme le « martyre de l’espérance.
Ce martyre qui nous est destiné, n’est ni glorieux ni brillant. Il s’ajuste à toutes les dimensions du quotidien. Il définit depuis toujours l’état monastique : le pas à pas, le goutte à goutte, le mot à mot, le coude à coude… et cela qu’il faut recommencer en vie régulière chaque matin, encore dans la nuit. Voilà le chemin par où le Christ nous précède, de commencements en commencements ».Voilà le chemin qui nous rapproche aussi de ceux dont la vie se déroule sans bruit et sans éclat et qui, connus ou inconnus, habitent notre prière.
Deuils dans nos familles Dans l’espérance en la résurrection, nous avons confié à Dieu :
Marta Antonin, belle-sœur de Sr Marie-Agnès, Anne-Marie Lattion-Hugon sœur de Sr Marie-Jérôme,
Annick Ménétrier, sœur de Sr Marie-Joseph, Rose-Marie Gaillard-Delaloye, tante de Mère Miryam,
Hermine Rouvinez-Pont, belle-sœur de Sr Marie-Albert et notre voisine.
Supplément Spécial chantier
Article publié dans « L’Essentiel » Magazine paroissial de Sierre – décembre 2019
Un nouveau lustre
Délais tenus! Les quelques huit entreprises qui ont travaillé à la réfection de l’église du Monastère de Géronde ont su coordonner leurs interventions et ont terminé les travaux prévus dans les temps. Soit cinq mois et demi de travaux pour cet édifice, haut-lieu d’histoire pour la région sierroise et classé à l’inventaire des monuments historiques du canton.
Texte de Brigitte Deslarzes
Si les sœurs sont ravies de retrouver leur église, l’architecte Jean-Marc Genoud se dit très content de la marche du chantier. Ces travaux étaient nécessaires, souligne-il, et ils s’inscrivent dans la continuité des interventions précédentes, afin de pérenniser les lieux et de conserver ce témoin remarquable pour les générations futures…
Les peintures, l’éclairage, la sonorisation et le système de chauffage ont été repris afin d’assurer des conditions adéquates pour les célébrations liturgiques. L’emmarchement menant au chœur a retrouvé son état antérieur; de ce fait, l’espace réservé aux fidèles est plus grand et dispose de trois bancs plus proches de l’autel et de la communauté.
La façade extérieure a été assainie: des interventions ponctuelles ont porté sur de nombreuses petites dégradations en vue d’éviter des travaux ultérieurs plus conséquents. Les vitraux nettoyés, sont mis en valeur et une lumière plus généreuse les traverse.
Une nouvelle jeunesse pour la voûte baroque
L’architecte des monuments historiques au service du canton, Laurent Grichting, est intervenu pour la préservation de cet édifice qui est l’un des plus anciens bâtiments religieux du Valais. En effet, les vestiges de la première église datent du Ve siècle. Le site fut le centre de la première paroisse de Sierre. La nef est constituée par l’église romane construite au XIe siècle et coiffée au XVIIIe siècle par une voûte baroque. Celle-ci a bénéficié d’un soin tout particulier lors de la réfection qui s’achève. Son décor a retrouvé la teinte rouge brique dissimulée sous les enduits successifs. Le blason de l’évêque Hildebrand Roten, situé au faîte de l’arc triomphal qui sépare la nef du chœur gothique, éclaire désormais l’ensemble de ses teintes vives et l’enrichit par le beau symbole de la grappe de raisin.
Pendant ces travaux, les sœurs ont vécu avec les fidèles une proximité totalement inhabituelle. Pour la célébration de l’Eucharistie, un parloir fut transformé en chapelle; pour les autres offices il était possible de rejoindre la communauté à l’intérieur du cloître. Mais elles avaient hâte de retrouver l’église et le rythme de vie habituel…
Une aventure pour la communauté
Ce chantier fut une aventure pour la communauté :
c’est ce qui ressort des impressions confiées par les sœurs et résumées ici.
Le 25 octobre, nous sommes entrées dans l’église, pleines d’allégresse, en chantant le psaume 121 : Nous irons dans la joie vers la Maison de Dieu ! Une maison plus accueillante pour nous et pour tant de personnes qui viennent participer aux célébrations ou vivre un moment de prière personnelle silencieuse. Une maison où nous voudrions tellement accueillir de nouvelles sœurs, jeunes ou moins jeunes, pour assurer, à leur tour, le service de la louange ! Rien n’est impossible à Dieu murmure la petite fille Espérance…
Si l’espace rénové appelle chacune à se laisser rénover, il incite aussi à reconnaître que l’aventure vécue pendant les cinq mois de chantier a contribué à cette rénovation. D’abord ce déménagement a entretenu l’aptitude à se laisser désinstaller… Nos lieux de prière provisoires ont donné aux célébrations une tonalité plus intime et des relations plus directes et fraternelles se sont établies avec nos hôtes. Cette communion demeure et elle est un encouragement pour nous qui avons été très impressionnées par des hommes et des femmes de foi assidus à l’Eucharisties. Non moins impressionnante fut pour nous la vie du chantier où s’est déployé tout le savoir-faire des uns et des autres, leur engagement sérieux, toujours empreint de bienveillance pour nous. Nous avons été sensibles également à la discrétion de ceux et celles qui ont remis leur visite ou leur séjour à l’après-chantier pour sauvegarder la solitude et le silence qui font partie de notre biotope… De ces expériences se dégage une puissante invitation à entretenir ici la flamme de la prière, non pas seules, mais en communion, visible ou invisible, avec ceux et celles pour qui Géronde est un lieu privilégié de rencontre avec le Seigneur.