Joyeux Noël !
Heureuse Année 2024 !
La majesté de Dieu se révèle dans la pauvreté d’un enfant,
né dans une crèche, ignoré des grands de cette terre.
Dieu ne déploie pas d’autre force que la puissance silencieuse de la vérité et de l’amour. .
Benoît XVI
La Mère Prieure et les sœurs du Monastère de Géronde
vous expriment leur reconnaissance, vous présentent leurs meilleurs vœux et vous assurent de leur prière.
L’année 2023 au Monastère Notre-Dame de Géronde
Dès le début janvier 2023, c’est le marteau-piqueur qui donne le ton des mois à venir : un chantier s’ouvre dans la maison des hôtes. Pour répondre aux attentes de ceux qui viennent se ressourcer au monastère, les petites cellules seront remplacées par des chambres à deux lits. Dans notre situation de fragilité, la réalisation de ce projet est un acte de confiance et d’ouverture à l’imprévu de Dieu à qui appartient notre avenir.
Au cours du premier trimestre de l’année, cet avenir s’éclaire. Sœur Myriam, qui a lutté courageusement contre un cancer agressif, remonte la pente. En février, nous accueillons Sœur Marie Paul, moniale congolaise, envoyée par l’abbaye de l’Etoile Notre-Dame, au Bénin ; en mars, arrive Sœur Viana, Vénézuélienne, envoyée par l’abbaye d’Esmeraldas, en Equateur. D’emblée, nous nous reconnaissons sœurs et elles s’insèrent avec simplicité dans la vie de Géronde qu’elles ouvrent sur de larges horizons, rapprochant de nous la vie, la culture, les épreuves, de leurs pays d’origine et d’adoption, resserrant nos liens avec leurs communautés si généreuses envers nous.
La recherche d’unité et de solidarité se vit à une échelle plus large et motive échanges et rencontres. En avril, Mère Catherine participe à la conférence régionale des abbés et abbesses de notre Ordre à l’abbaye de Novy Dvur, en Tchéquie. En mai, nous accueillons notre évêque, Mgr Jean-Marie Lovey, ses proches collaborateurs et les supérieures des communautés religieuses diocésaines. Tous reviendront en novembre pour une journée de prière et de réflexion et leur présence renouvelle en nous l’appel à vivre au cœur de l’Eglise.
A deux reprises, notre Mère Prieure retrouve les supérieures des monastères de Suisse Romande : en juin, pour l’entrée officielle dans leur Association des moniales orthodoxes établies aux Sciernes d’Albeuve, puis en décembre, pour une célébration d’adieu aux Clarisses de Jongny.
Souvent, au fil des jours, nous ferons cercle ensemble pour nous laisser enseigner, informer, émerveiller, en vue de mieux vivre unies à tous, reliées à tous. Mère Roxane, Prieure des Augustines de Malestroit, nous fait découvrir la vocation hospitalière de sa communauté et l’impressionnante figure de Mère Yvonne-Aimée de Jésus. La nouvelle Constitution élaborée pour notre canton nous est présentée par Monsieur François Genoud et suscite un débat très animé. Chaque séjour en Valais du Père Marie-Joseph Huguenin nous vaut une conférence substantielle sur Thérèse d’Avila. Passionné par la figure de saint François de Sales, le Père Emile Amougou, msfs, nous conduit au cœur de sa doctrine spirituelle. Cécile Souchon met en lumière, avec conviction, le message, toujours actuel, du pasteur luthérien Dietrich Bonhoeffer. Une longue réflexion de l’abbé Jean-Pascal Vachez ravive le sens de notre communion avec nos défunts. La joie d’écouter le Père Giorgio Marcato, toujours animé par le souffle de sa vocation dominicaine ne manque pas au programme de l’été qui comporte aussi la mini-session sur saint Bernard, proposée par Mère Hildegard Brem, abbesse de Mariastern-Gwiggen.
Au programme figure aussi un concert-méditation offert par Anne Kirchmeier dont la flûte à fissures de Léonard de Vinci remplit l’église de chants d’oiseaux. Le dimanche 11 juin, des parents et amis haut-valaisans créent le dépaysement en chantant une « Jodelmesse » qui se révèle toute de ferveur et d’intériorité. En nous présentant des vêtements liturgiques conservés au Grand-Saint-Bernard, Martine Plouvier captive celles d’entre nous qui ont réalisé de patients ouvrages de broderie et suscite l’émerveillement de toutes.
Mais, l’addition d’événements ponctuels ne dit pas notre vie, sa pulsation profonde, son ajustement à Dieu, sa correspondance à l’aujourd’hui de l’Église et du monde. Ce discernement, où s’allient prière, écoute et dialogue, est au centre de la visite régulière faite, au début juillet, par notre Père Immédiat, Dom Godefroy, abbé d’Acey, assisté par Mère Isabelle, du Val d’Igny. A partir de la page d’évangile lue le 3 juillet, en la fête de saint Thomas, il nous appelle à considérer notre vocation, à partir du « milieu », du Cœur ouvert du Christ, cœur de notre foi et de notre vie. Des heures denses par la vérité des échanges, par la force et la plénitude des enseignements donnés. Nous restons habitées par ces paroles qui balisent notre chemin et appellent à avancer avec confiance.
Un mois plus tard, c’est le choc : parti pour une randonnée en montagne, dom Godefroy n’est pas rentré, l’attente angoissée, la découverte de son corps, les jours de deuils, les funérailles à l’abbaye d’Acey, tout se vit dans une intense communion avec tous ceux et celles qui le pleurent.
Commence alors le temps du deuil, qui sera marqué par d’autres épreuves. Fin août, des voleurs s’introduisent dans la sacristie ; ils dérobent des vases sacrés et divers objets de culte. Revenus pour un nouveau larcin, ils sont pris sur le fait par Mère Catherine mais parviennent à s’enfuir, nous laissant très choquées par leur méfait qui vise le cœur de notre vie, A partir du 12 septembre, le déferlement des informations sur les abus commis dans l’Eglise provoque la sidération et plonge dans une douleur qui se fait prière. Quand la Terre Sainte sombre dans l’horreur, une nouvelle blessure s’ouvre, d’autant plus vive que ce pays est la terre d’adoption de notre aumônier, Dom René, moine de l’abbaye de Latroun, en Israël.
Pour autant, nous ne boudons le Marché monastique de Saint Maurice et la Foire de Sainte Catherine. Chers à de nombreuses personnes, ces rendez-vous sont honorés grâce à l’engagement efficace de Geneviève, Dom René, Sœur Marie-Paul, et d’un groupe d’ami(e)s rompus à ce genre d’exercice.
En octobre, nous accueillons les membres de notre « Commission pour l’avenir » mise en place par Dom Godefroy. Dom Marc, abbé d’Hauterive, nous ramène aux heures tragiques des 3 et 4 août. Un temps de partage suit : mise en commun de ce qui a été vécu par chacune, puis du message spirituel reçu de Dom Godefroy lors de sa dernière visite.
Cela nous conduit sur le seuil de la retraite annuelle prêchée par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin. Il nous invite à arrêter nos regards sur l’Eucharistie, source et sommet de notre vie, en découvrant les richesses insoupçonnées que recèle la nouvelle traduction du Missel Romain,
Le mois d’octobre touche presque à sa fin quand une de nos aînées, Sœur Marie-Albert, fait une chute et se casse malencontreusement un bras. Elle devra passer à l’hôpital, puis à l’EMS de Plantzette, le temps nécessaire à son rétablissement.
Au soir de la Toussaint, notre sœur Marie-Claire Dorsaz qui, le matin même, avait rassemblé ses dernières forces pour élever ses mains et chanter le Notre Père à la messe, s’en va, soudainement, rejoindre l’assemblée des saints et son frère Jean, décédé au mois d’août. Agée de 93 ans, elle a maintenu allumée jusqu’au bout la flamme de la prière après avoir dû renoncer, récemment, à la lecture qu’elle affectionnait. Ses dernières années, passées en fauteuil roulant, n’ont pas effacé en nous le souvenir de la caviste dynamique et consciencieuse qu’elle fut, à l’époque où la vinification se faisait au monastère. Et, tout ce qu’elle a semé, planté et cultivé sur la colline continue de « faire plaisir aux sœurs », comme elle le souhaitait. En tout cela, comme nous l’écrivait un prêtre ami, « elle simplifiait tout et s’est laissé simplifier elle-même par Dieu ».
Deux jours après les funérailles, Mère Catherine part à Rome où a lieu le cours organisé par notre Ordre pour les nouveaux supérieurs et nous nous réjouissons de la voir bénéficier de ce temps de formation, riche en échanges et en rencontres. Très vite, elle apprend par notre Abbé général, Dom Bernardus Peeters, que le Frère Marie-Bruno, prieur à Acey, vient d’être nommé Supérieur à nutum de la communauté et devient ainsi notre Père Immédiat. Notre attente, parfois inquiète, fait place à l’action de grâces en attendant la joie d’accueillir Dom Marie-Bruno.
« A la sainte Catherine tout bois prend racine ». Le Père Lucien Converset et Madame Antoinette Gillet, rencontrés aux funérailles de Dom Godefroy, n’ont pas oublié leur promesse et, en ce frileux matin d’arrière-saison, nous plantons un Gingko biloba. Cet arbre qui a survécu à la bombe atomique d’Hiroshima est devenu l’emblème du mouvement « Agir pour le désarmement nucléaire » comme nous l’expliquera le Père Lucien. Venu avec le frère Nicolas-Marie, Dom Marc, abbé d’Hauterive, préside la prière qui accompagne cet acte hautement symbolique.
Par leur visite nos frères tiennent aussi à nous réconforter à un moment où notre horizon vient de s’assombrir. Notre sœur Nicole, Sous-Prieure, malmenée depuis quelques semaines par un mal de dos qui résiste à tous les traitements, a dû être hospitalisée et nous ne tardons pas à apprendre qu’un cancer est à l’origine de sa souffrance. Cette annonce-choc nous relie à tous ceux qui passent par l’épreuve et nous presse de nous rapprocher de l’Enfant de la Crèche, Emmanuel, Dieu avec nous, venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.