Alors que nous nous préparons à entrer dans l’année 2013, notre sœur Marie-Lina nous place en face de la dernière heure vers laquelle s’en vont toutes nos années : son état de santé s’est détérioré de manière soudaine et sa fin semble imminente. Mais notre sœur qui, au quotidien, collectionnait les records de vitesse, nous laissera le temps d’aller, tour à tour, la visiter à Savièse, dans le home accueillant où elle a passé ses dernières années marquées par une lourde épreuve de santé. Elle s’en va vers le Seigneur le 22 février, à l’âge de quatre-vingts ans. Ses quarante ans de vie monastique ont manifesté la forte empreinte laissée en elle par ses premiers engagements, d’abord au Tchad, dans un dispensaire, en tant que laïque missionnaire, puis au Foyer de Charité de Châteauneuf-de-Galaure.
Depuis octobre 2012, l’Année de la foi est le fil rouge de nos célébrations grâce aux prêtres qui se relaient pour l’Eucharistie. La plupart d’entre eux se retrouvent à Géronde, au matin du 2 février Journée de la vie consacrée qui rassemble les communautés religieuses des environs. Le deuxième volet de cette journée est une rencontre avec l’équipe très motivée qui anime le parcours d’évangélisation Alphalive dans la région de Crans-Montana. Mère Miryam va ensuite à l’abbaye d’Hauterive pour une session du SDC animée par Mgr Albert Rouet avec qui les participantes cherchent à scruter les signes des temps. Dix jours plus tard, le cardinal Henri Schwery préside la célébration d’entrée en Carême et revient le lendemain pour un temps de réflexion sur l’Année de la foi. Celle-ci vient de prendre alors un tournant que les plus futés n’avaient pas vu venir… C’est la « surprise Pape Benoît », suivie de la « surprise Pape François » qui nous font vibrer à l’unisson de toute l’Eglise.
Le neuvième centenaire de l’entrée de saint Bernard à Cîteaux fait l’objet de célébrations et colore les rencontres vécues en avril et mai. Sœur Marie Bénédicte se rend à Cîteaux pour une mini-session qui comporte un pèlerinage à Fontaines-lès-Dijon où Bernard est né. Puis, Mère Miryam passe une semaine à Acey où se tient la Conférence des abbés et abbesses de la Région Europe Israël. Peu après, Soeur Catherine retrouve, à Acey, les responsables de la formation dont la réflexion porte sur la solitude monastique et les relations avec le monde extérieur. À la mi-juin, Dom Jean-Marc, abbé d’Acey, notre Père-Immédiat, fait le déplacement en sens inverse et vient nous aider à relire notre vie à la lumière de l’Evangile.
En juin, encore, nous apprenons la démission de notre évêque, Mgr Norbert Brunner, à qui va notre reconnaissance pour son dévouement « au service de notre espérance ». Le 9 juin, nous sommes en fête avec notre Sœur Elisabeth: son neveu Eric Gillioz, désormais frère Joseph dans l’Ordre du Carmel, ordonné prêtre en avril, à plus de cinquante ans, rassemble ses proches pour l’Eucharistie de ce dimanche. Le même jour, trois jeunes prêtres sont ordonnés à Sion, tous trois proches du monastère et heureux de nous associer à leur joie.
Les groupes de jeunes, toujours nombreux au printemps, ne sont pas les seuls à venir prier sur la colline. En juin, nous accueillons le groupe de dialogue interreligieux Compostelle-Cordoue constitué par des croyants, chrétiens, juifs et musulmans. Venus de tous les pays méditerranéens, ils ont marché pendant trois jours à travers le Valais. A l’oeuvre avec son épouse Gabrielle pour organiser ce pèlerinage, Maurice Nanchen en a préparé les voies avec le pic et la pelle et les participants ont accédé au monastère par l’audacieux raidillon réservé aux montagnards…
L’été est la saison des « aumôniers temporaires »! Celui du mois de juillet, le chanoine Jean-Claude Rossier, ne manque pas de revenir chaque mois pendant une semaine, signe fraternel de la communauté du Grand-Saint-Bernard. A la mi-juillet, l’une de nous prend la route de Montana pour y subir des examens médicaux. Il s’ensuivra, pour elle, un temps de repos en montagne avant le retour au monastère où le repos va encore imposer ses exigences.
Comme l’an dernier, à la même époque, la communauté se met à l’école de sainte Gertrude que Mère Hildegarde Brem, abbesse de Mariastern-Gwiggen, sait nous rendre proche et accessible. Le Père Giorgio Marcato, dominicain, venu pour les fêtes de Pâques et attendu pour celles de Noël, inscrit au programme de son séjour estival des conférences sur l’Evangile selon saint Matthieu.
Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, nous parle de la traduction officielle liturgique de la Bible et nous partage ce qu’il a appris sur la vie de l’Eglise lors des JMJ de Rio. Avec le Père Philippe Luisier, jésuite, doyen de l’Institut Pontifical Oriental, nous nous tournons vers les chrétiens du Proche-Orient, affrontés à l’épreuve. Au début septembre, le Père Johann G. Roten, marianiste, fait appel aux richesses de l’art sacré pour nous introduire dans la foi sans faille de Marie. Comme chaque année, la visite de Jean et Lucette Alingrin, fondateurs de l’œuvre « Emmanuel » pour l’adoption d’enfants atteints d’un handicap, nous stimule et nous interpelle.
En septembre, la patience est de mise : le chemin de toutes nos allées et venues est fermé à la circulation et ouvert, dans toute sa longueur, par une fouille. Elle permet de raccorder à la conduite de gaz la chaufferie où un nouveau brûleur est mis en service pour remplacer une installation devenue vétuste et dangereuse.
Au même moment, un autre chantier, plus silencieux mais tout aussi efficace, occupe les sœurs qui préparent des cartons de vins pour les vendre au Marché monastique de Saint-Maurice, heureuse occasion de rencontres et d’échanges.
Le 10 octobre, nos sœurs de l’abbaye de la Maigrauge nous rendent visite. Le soleil de Sierre boude la rencontre et il a tort car il aurait pu se réchauffer à toute la joie partagée avec elles, dans la prière, les échanges simples et confiants sur notre vie que nous savons illuminée, en tous lieux, par le même Amour.
Quand novembre sort sa palette de couleurs et fait merveille sur les coteaux, le Père Jean-Pierre Chevrolet, missionnaire d’Afrique, prédicateur de notre retraite, promène nos regards sur les couleurs de l’âme, sur les dispositions du cœur humain qui s’exposent sans fard dans la Bible. Ce parcours suggestif aide à discerner toutes les couleurs qui se côtoient ou se succèdent en nous. Il nous ouvre aussi aux soucis et aux détresses qui nous sont confiés et qui gardent présentes dans notre prière les teintes sombres de la souffrance humaine. Mais cette aide n’est pas à sens unique. En effet, les teintes les plus chaleureuses rayonnent sur nous dans la générosité qui nous entoure, en particulier celle des bénévoles toujours prêts à rendre service. Leur fidélité et leur dévouement sont pour nous le signe que Dieu veille sur les siens.
Alors que la page de la retraite annuelle vient de se tourner, notre Pape François adresse à tous les croyants une vibrante incitation à redécouvrir La joie de l’Evangile pour en vivre et pour la partager. Un appel qui, nous l’espérons, portera des fruits de paix au cours de l’année qui va commencer.