L’illustration de cette parabole reprend un croquis proposé par Patrick Scherrer, op, publié dans le bulletin de l’Association Biblique Catholique de Suisse Romande, 1993/ 2, accompagné d’un commentaire qui est transcrit ici.
« Le croquis commence à gauche avec deux personnages munis d’objets : l’un avec un livre portant l’inscription « écoute ! » (en hébreu)- pour désigner le Prophète -, l’autre avec deux stèles comportant l’inscription des chiffres I-X-, pour désigner Moïse. Les deux « porte-paroles » montrent de la main Lazare qui, couvert d’ulcères et entouré de chiens, est couché devant la porte du riche. Il sollicite par son regard et ses mains ouvertes l’intérêt miséricordieux du riche. Ce dernier – richement vêtu – est pleinement occupé par ses soucis quotidiens : la nourriture et la communauté familiale. Il tourne le dos aux Prophètes et à Lazare.
En face de lui, comme dans une porte ouverte ou dans un miroir, ses cinq frères assis à une table festive, chacun tenant fortement son assiette. Ils suivent l’exemple de leur frère. Tous les six ignorent le pauvre qui est devant leur porte. Captifs des « ténèbres de leur cœur » (hachure) – ici en sombre – à savoir les soucis journaliers, ils ne prévoient pas l’avenir et encore moins leur fin.
La croix indique avec sa place centrale un moment décisif dans la vie : la mort ! La croix du Christ est le symbole de la mort et de la résurrection, mais aussi de la justice divine qui dépasse nos imaginations limitées et renverse nos pauvres calculs terrestres.
Le chemin révélé par les Prophètes, cette eau vive qui nourrit les justes, conduit à la source, à l’arbre de la vie (ici remplacé par la lettrine) et à la communion intime avec le « Père », représenté sur le dessin par Lazare dans le sein d’Abraham. (Je regrette que cette expression n’a pas été gardée dans la traduction liturgique.)
A part, dans un espace inférieur du « Paradis », (bleu) toujours dans les ténèbres, l’ancien riche, tourmenté par la chaleur des flammes. Il manifeste sa soif d’eau et de communion humaine en suppliant Lazare de venir à son secours. Mais Abraham le renvoie à l’écoute des Prophètes.
L’histoire pourrait recommencer.
Le mouvement des lignes est un essai pour exprimer le mouvement de la parabole. Comme fil conducteur, la ligne principale trace d’abord le porche de la maison du riche, avec la scène familiale à l’intérieur. Elle forme ensuite le « creux de l’abandon » et remonte au Paradis où elle rejoint la ligne indicative provenant d’Abraham. (ici la lumière) Ce mouvement s’associe à celui des Prophètes, il rencontre le pauvre Lazare, forme la verticale de la croix et aboutit finalement à l’arbre de vie.

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance.
Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père.
En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !
– Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.”
Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »